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TLHUB : Traduire le patrimoine numérisé

Projet en cours
Porté par Camille Bloomfield (Université Paris 13-IUT, chercheuse associée à l’UMR Thalim, Université Paris 3)
Durée estimée : de 2015 à 2017.
Partenariats : Camille de Toledo/Alexis Mital (Univ. Paris-Diderot, CERILAC) ; Naomi Nicolas-Kaufman (Univ. Paris 3, CERC) ; Leyla Dakhli (CR CNRS, Centre Marc Bloch, Berlin)
Autres membres du projet :
Membres de la Société européenne des Auteurs (Pierre Ducrozet, Jill Mc Coy, Katrin Thomaneck)

Le projet porte sur un usage spécifique d’objets patrimoniaux numérisés : la traduction d’œuvres littéraires. Cet usage, lui-même producteur d’un nouvel objet numérique (une traduction, qui donne lieu à de nouvelles lectures), a rarement été abordé jusqu’ici sous l’angle du numérique et, pourtant, c’est une question qui se pose de manière urgente désormais, tant pour les traducteurs que pour les chercheurs en translation studies.
Associant une réflexion théorique au déploiement de moyens techniques, la recherche s’appuie sur un outil imaginé pour répondre à cet usage, actuellement en cours de construction : la plate-forme TLHUB (Translation and Literary Hub). Cette plate-forme permet en effet aux auteurs, traducteurs, éditeurs, mais aussi aux chercheurs, enseignants et lecteurs en Lettres et en sciences humaines d’avoir un espace en ligne où travailler ensemble et échanger sur leurs traductions, sans avoir à passer par l’étape du papier, et surtout sans être contraints d’avoir recours à des prestataires privés répondant à des logiques commerciales éloignées du principe d’autonomie qui régit ce champ.

S’appuyant sur un réseau actif de membres issus des secteurs professionnel et universitaire, et un outil ad hoc appelé l’« écriveuse » permettant un face-à-face entre texte source et texte cible, le site permet de partager son travail ainsi que ses questions et commentaires, tout en gardant une trace des choix opérés tout au long d’un projet. Pensé avant tout pour une pratique collaborative de la traduction, il vise à favoriser les échanges entre les membres d’un même projet, notamment pour des langues à alphabets s’écrivant de droite à gauche (arabe, hébreu, yiddish notamment), et, à terme, pour tous les alphabets.

Si les nouvelles technologies proposent de nombreux outils pour la traduction automatique, rien n’existait encore pour la traduction littéraire, qu’aucune machine, à ce jour, n’est encore en mesure d’effectuer. TLHUB est donc un outil collaboratif en construction qui pose nombre de questions stimulantes pour la recherche et la création, d’ordre :

  • technique : quelle forme pour le patrimoine numérisé ? question des formats des fichiers importés et exportés ; deux « ères » en parallèle : comment faire cohabiter du patrimoine nativement numérique avec du patrimoine numérisé dans un même environnement technique ? comment répondre à des attentes « d’avenir » (format Epub, par exemple), et des usages « du passé » (le PDF) ?
  • éthique : quels rôles et quelles postures pour les usagers et producteurs du patrimoine numérisé ? à l’ère du tout-collaboratif se pose la question du respect de l’intimité du travail sur une plate-forme partagée, mais aussi celles du « droit à l’oubli numérique », des droits moraux sur les traductions collaboratives, et de la redéfinition des rôles traditionnels d’auteur, de traducteur, d’éditeur ;
  • théorique : quel patrimoine numérisé choisit-on de donner en traduction dans la bibliothèque numérique de TLHUB ? Quel corpus est appelé à devenir « littérature mondiale » grâce à la traduction ? Comment sélectionner les futurs « classiques » ?
  • sociologique : qui sont les usagers de ce patrimoine numérisé en traduction ? Quels sont les textes qui sont les plus lus ou les plus traduits ? Quelles sont les fonctionnalités les plus utilisées ? Autrement dit : comment travaillent les traducteurs aujourd’hui ? Contours d’une figure du « traducteur littéraire 2.0 »
  • critique : à partir de quel moment la traduction collaborative devient-elle un acte de création ? en quoi les outils du web favorisent-ils l’effacement de la frontière traditionnelle qui sépare traduction, écriture créative et écriture critique ? comment le patrimoine numérisé modifie-t-il les frontières traditionnelles entre des catégories critiques établies ?

Le projet TLHUB a bénéficié du soutien de plusieurs institutions publiques telles que la Région Île-de-France, la SOFIA et le CNL.

Regarder une démonstration de la plate-forme TLHub - 04/12/2012 - 00:12:14


Camille Bloomfield, soirée *di*/zaïn #3... par soireesdizain

/ Image : TLHub
/ Crédit photographique : ©TLHub / Crédit vidéo : ©Association Designers interactifs

Quelques références bibliographiques

  • Apter, Emily, Against World Literature. On the Politics of Untranslatability, Verso, 2013
  • Doueihi, Milad, Pour un humanisme numérique, Seuil, Paris, 2011.
  • Hansen, Mark, Embodying technesis. Technology beyond writing, University of Michigan Press, 2000
  • Nicolas-Kaufman, Naomi, « Quelle langue parle Internet ? », IF Verso, mars 2013, en ligne
  • Pym, Anthony, “What technology does to translating”, Translation & Interpreting, n.3, p.1-9.
  • Revue Réseaux, numéro sur « Le sujet et l’action à l’ère numérique », février 2014.
  • Toledo, Camille (de), « Le lisible, le visible », entretien avec Cécile Portier, Revue de la BnF, n°41, 2012, p.27-29.
  • Toledo, Camille (de), « Zwischen-las-lenguas is where I stand », Readings in twenty-first-century European literatures, Gratzke, Michael, Hutton, Margaret-Anne, Whitehead, Claire (eds), Peter Lang, 2013.
  • Toledo, Camille (de), L’Inquiétude d’être au monde, éditions Verdier, 2012.

Communications orales

  • Bloomfield, Camille et Nicolas-Kaufman, Naomi, « La traduction collaborative à l’ère numérique : le texte comme constellation à l’épreuve de l’oubli », 6 juin 2014, Université Paris 8 – Vincennes-Saint-Denis. Regional Workshop of the International Association for Translation and Intercultural Studies (IATIS) : Collaborative Translation : from Antiquity to the Internet, June 2014, Paris, France.
  • Nicolas-Kaufman, Naomi, « Tournant numérique, tournant traductif : la bibliothèque numérique TLHUB », University of Zurich. Graduate Research Symposium : La mise en ordre du savoir, October 2014, Zurich, Suisse.

En savoir plus

Consulter la plate-forme TLHub
Regarder la conférence de Camille de Toledo sur le site OBVIL
Consulter le blog TLHub :
et particulièrement, le mode d’emploi de la plate-forme
ainsi que le glossaire