UDPN - Actualités

Les patrimoines à l’heure du numérique

20 février 2015

Séance du séminaire du Centre Georges Chevrier : « Patrimoine et anthropologie, quoi de neuf ? Actualité d’un domaine de recherche ».
Vendredi 20 février 2015 de 14h à 17h.
Salle des séminaires de la MSH de Dijon.

Séminaire

Michel Rautenberg (Université de Saint-Etienne, Centre Max Weber) et Sarah Rojon (Centre Max Weber)

La production du patrimoine par les amateurs à l’heure du numérique
L’écriture de l’histoire n’est plus seulement l’apanage des historiens, de même que la mise en scène du patrimoine n’est plus le privilège exclusif des conservateurs de musées. À l’heure du numérique, des amateurs interconnectés prennent part aux circuits culturels du patrimoine à travers la production d’images automatisées. Dans ces circuits, le patrimoine et la mémoire se transforment en ressources pour le tourisme et le commerce, mais aussi pour l’action collective, l’engagement social et la production culturelle. Des acteurs ordinaires que nous qualifions d’amateurs s’engagent ainsi dans des loisirs comme la généalogie, l’histoire locale, la photographie, la balade urbaine, la navigation sur Internet, l’auto-édition, etc. Associant pratiques en ligne et hors ligne, ces activités hédonistes – qui mêlent production et consommation, création et transmission – tendent à faire apparaître, aux yeux de l’ethnologue, un nouveau genre de communauté patrimoniale. D’un point de vue épistémologique, cette communication vise à discuter de la mise à/au jour, par l’usage qualitatif d’outils et d’interfaces numériques, de réseaux d’attachements patrimoniaux qui ne se donnent jamais à voir en tant que tels, c’est-à-dire de manière « immédiate », puisque c’est l’appareillage technique qui permet de les percevoir. À partir d’un travail de terrain dans des contextes urbains post-industriels et selon un cadre d’analyse phénoméno-technique, nous verrons comment les images numériques pistées rendent visibles du collectif et révèlent de la sorte un phénomène contemporain : « la patrimonialisation de l’urbanité ».

Laurier Turgeon (Université Laval, Québec, Chaire de recherche du Canada en patrimoine ethnologique)

La médiation du patrimoine culturel (immatériel et matériel) à l’aide des nouvelles technologies : à propos de l’application mobile « Découvrir Québec »
Les technologies numériques (digital heritage) offrent d’énormes potentialités pour la médiation du patrimoine parce qu’elles permettent de rendre le patrimoine encore plus vivant et d’accroître l’expérience de visite. Dans cette présentation, nous souhaitons explorer les manières de rendre le patrimoine plus vivant, riche et complet de deux manières. Premièrement, nous proposons d’intégrer le patrimoine immatériel au patrimoine matériel. Si pendant longtemps l’interprétation du patrimoine culturel a porté sur des éléments du patrimoine matériel (sites, bâtiments, ensembles architecturaux, paysages culturels), les citoyens et les visiteurs veulent aujourd’hui accéder aux éléments vivants de la culture, soit le patrimoine culturel immatériel (savoir-faire traditionnels, traditions orales, fêtes et festivals, rites et rituels, chansons, musiques, danses). Deuxièmement, nous souhaitons explorer les potentialités des applications mobiles multimédia et voir comment elles peuvent favoriser grandement ce type d’expériences immersives riches et novatrices. Nous partirons d’une réflexion critique de notre propre expérience de l’application mobile « Découvrir Québec », lancée le 4 septembre 2013. L’usage de plusieurs médias dans une même application mobile (6 dans le cas de « Découvrir Québec ») accroît évidemment les possibilités d’interprétation du patrimoine mais, en même temps, rend plus exigeante la construction de narrations d’interprétation (storytelling). D’une part, pour éviter les recoupements et répétitions et créer des récits riches en contenu, cohérents et attractifs, nous présenterons les potentialités des différents médias (texte, son, vidéo, photo 2D, photo 3D, etc.) et leur capacité à communiquer diverses dimensions du patrimoine. D’autre part, nous étudierons les moyens de construire des micro-récits liant chacun des éléments patrimoniaux d’un même site, afin d’inciter l’utilisateur à migrer d’un média à un autre pour développer une vision large, complète et riche du patrimoine matériel et immatériel du site mis en valeur. Pour développer ces narrations « transmédia », nous nous inspirons des travaux pionniers réalisés par Henry Jenkins à partir des jeux vidéo et des médias de masse.

/ Image : Visiter le musée du Louvre aujourd’hui !, photo de J.-P. Dalbéra, source Wikimedia Commons et Flickr (licence creative commons)
/ Source de l’information : annonce Calenda et site du centre Georges Chevrier (CNRS/Université de Bourgogne)

Pour en savoir plus

/ Présentation de la séance et des intervenants sur le site du centre Georges Chevrier (CNRS/Université de Bourgogne)
/ Entrée libre, sans inscription