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Mutations numériques de la musique : des contradictions à analyser

Date : 15 octobre 2018
Revue : Revue tic&société

Un numéro thématique de la revuetic&sociétésera consacré aux mutations numériques de la musique

La revue est consacrée à l’analyse des rapports entre les technologies de l’information et de la communication (TIC) et la société. Ils sollicitent des textes qui traitent de problématiques communicationnelles tout en accordant une place centrale à leur dimension sociale dans le cadre d’une perspective critique, entendue d’un point de vue théorique, méthodologique ou épistémologique. Les contributions, soit à dominante théorique, soit à dominante empirique, doivent intégrer une approche analytique fondée sur un cadre conceptuel et méthodologique bien défini.

Argumentaire

Depuis une quinzaine d’années, les enjeux des « révolutions numériques » de l’industrie musicale ont fait l’objet de nombreux travaux, tant de la part d’universitaires que d’experts et responsables du secteur. Outre des réflexions socioéconomiques sur les nouveaux modèles d’affaires à mettre en place, un grand nombre de propositions ont cherché à analyser tant les nouveaux usages et pratiques musicales liées au numérique que les divers déplacements des frontières que le numérique induit entre auditeur et créateur, auditeur et producteur, auditeur et prescripteur. Le présent appel entend s’ajouter à ces propositions, mais en invitant les contributeurs et contributrices à davantage interroger les mutations numériques de la musique à partir des contradictions qu’elles portent.

Car il semble bien que ce soit à un approfondissement des réflexions autour de ces contradictions que la « révolution numérique » nous invite. Dès 1961, Edgar Morin soulignait ainsi que « l’industrie culturelle doit [...] constamment surmonter une contradiction fondamentale entre ses structures bureaucratisées-standardisées et l’originalité (individualité et nouveauté) du produit qu’elle doit fournir » (Morin, 1961, p. 41). « C’est l’existence de cette contradiction qui permet de comprendre d’une part cet immense univers stéréotypé dans le film, la chanson, le journalisme, la radio, et d’autre part cette invention perpétuelle dans le cinéma, la chanson, le journalisme, la radio, cette zone de création et de talent au sein du conformisme standardisé. Car la culture industrialisée intègre parfois en les étouffant, parfois en les épanouissant, les Bresson et les Brassens, les Resnais et les Léo Ferré » (ibid., p. 43).

Il s’agira donc de questionner l’idée selon laquelle le numérique participerait d’un renouvellement des tensions qui traversent l’ensemble de la filière, de la phase de création à celle de l’écoute. En plus de se demander comment le numérique alterne entre des possibilités d’émancipation et de soumission toujours plus forte aux logiques du capital, il conviendra de voir à quel point les logiques qui s’articulent à la dissémination du numérique dans les pratiques de production, de diffusion et de réception musicale peuvent s’avérer contradictoires et quels sont les points de tension qu’une approche critique de ces mutations devrait chercher à révéler.