Après une première journée de réflexion sur le thème « Diriger sans s’excuser », reprenant le titre d’un article de Roland Arpin qui proposait un regard personnel sur la gestion et le leadership, cette seconde à l’Université Sorbonne Nouvelle a pour objectif d’ouvrir les perspectives et de mettre en place un programme de recherche structuré sur la gouvernance des musées à un moment stratégique de leur histoire et de leur développement.

Au début de la décennie 1990, la muséologie s’affirmait comme discipline universitaire à part entière et les premiers programmes d’études supérieures en muséologie au Québec apparaissaient. Les principaux axes de recherche se structuraient d’abord autour de l’histoire des collections et des musées (Dubé et Montpetit, 1992 ; Gagnon, 1999). Il y avait alors nécessité de redonner un sens aux collections publiques et au rôle culturel et social qu’ont joué les musées dans la construction des identités canadiennes et québécoises.

En parallèle, plusieurs chercheurs se penchèrent plus particulièrement sur l’exposition comme média (Davallon 1992) qui devenait le véritable cœur d’une muséologie renouvelée tant dans sa forme que dans ses nouveaux modes de médiation. Dès lors, les musées se préoccupent des publics et de l’expérience de visite (Daignault et Schiele, 2014). On vit donc apparaître de nouvelles recherches sur les visiteurs alors que l’évaluation muséale devenait incontournable afin de mesurer l’adéquation entre les intentions de communication des musées et la réception des divers publics. Conséquemment, la recherche et l’enseignement de la muséologie au Canada comme ailleurs dans le monde se renouvelaient en profondeur (Bergeron, 2015). Si de nouvelles perspectives venaient éclairer le rôle social et culturel des musées, la question de la gestion est longtemps restée dans l’ombre. Les grands changements induits par le courant de la nouvelle muséologie avaient pourtant transformé en profondeur la gestion et la gouvernance des musées. À l’exception de l’ouvrage Musées et Gestionpublié en 1991 sous la direction de Michel Côté, alors directeur de la diffusion et de l’éducation au Musée de la civilisation et chargé de cours au DESS en muséologie de l’Université Laval, les chercheurs ont négligé l’étude des impacts de la gestion dans les musées. Michel Côté attirait l’attention sur la performance, la recherche de l’excellence et plus particulièrement sur la mission des musées qui détermine les modes de gouvernance.

Considérant les tendances économiques, sociétales et technologiques (Bergeron, 2015, Mairesse 2016) associées à la globalisation du patrimoine (Saidi, Sagnes, 2012) qui contribuent à transformer l’institution muséale, force est de constater que la problématique de la gouvernance et du leadership (Cameron, 2014) se révèle d’une grande actualité (Tobelem, 2005 ; Mairesse, 2016). Depuis la crise économique de 2008, de nombreux musées se trouvent devant des choix déchirants afin d’assurer leur mission. Plusieurs ont choisi de fermer leurs portes, de vendre des collections ou de confier leur patrimoine à d’autres musées. Nombreux sont les musées qui recherchent d’autres modèles de gestion afin de s’adapter aux nouvelles conditions économiques et sociales et de répondre aux demandes des nouveaux patrimoines, comme le patrimoine culturel immatériel (Turgeon, 2015 : 217-232). Pourtant, les visites dans les musées continuent à progresser de manière constante (Routhier, 2016). Cette seconde rencontre sur le thème de la gouvernance stratégique des musées se veut une occasion d’identifier de nouveaux axes de recherche.

Comité scientifique :
Lisa Baillargeon
Yves Bergeron
Pierre Bosset
François Mairesse
Habib Saidi
Jean-Michel Tobelem
Laurier Turgeon