Pour la deuxième année, le séminaire creusera la perspective d’une écologie des collections, dans une démarche interdisciplinaire et comparative. Fondé sur le constat d’un intérêt de plus en plus partagé aujourd’hui pour ce qui relevait des coulisses des institutions muséales, ce séminaire travaillera l’hypothèse suivante : après les temps de la création et de la réception, désormais largement étudiés, s’impose la prise en compte d’un temps intermédiaire, celui de la conservation, comprise au sens large comme l’ensemble des pratiques d’étude, de valorisation et de préservation des objets des collections.

Ancré dans un dialogue entre chercheurs (anthropologues, sociologues, historiens, philosophes) et professionnels (conservateurs, restaurateurs, documentalistes, régisseurs), ce séminaire sera l’occasion d’esquisser les contours d’une nouvelle approche de l’institution muséale, caractérisée par un intérêt pour les pratiques concrètes – d’exposition, de documentation, de stockage, de restauration, de médiation.

Au fil des séances, par des études de cas, il s’agira d’apporter un éclairage particulier sur les enjeux actuels auxquels sont confrontées les institutions muséales dans la gestion de leurs collections en mettant en oeuvre une approche écologique, sensible aux relations entre les oeuvres, les personnes, les infrastructures et les environnements. Cette année, le séminaire se développera dans deux formats : des séances de séminaire, au musée du quai Branly - Jacques Chirac, et des journées de travail, aux Archives Nationales.

Programme du séminaire

Séance 1. Écologie des collections plastique
8 février 2018, 10h-13h, salle 1
Intervenants : Baptiste Monsaingeon (socio-anthropologue) ; Gilles Barabant (conservateur, C2RMF)
Discutant : Frédéric Keck (anthropologue, musée du quai Branly – Jacques Chirac)
Dans la continuité de la séance consacrée à l’écologie des collections papier dans le séminaire 2016-2017, nous examinerons cette année les modalités de conservation des polymères, notamment les matières plastiques, selon deux registres différents : le monde de l’art et celui du déchet. On s’intéressera ainsi aux problèmes de la durabilité des matières plastiques, dont les temporalités comptent dans la définition de ces mondes.

Séance 2. Étudier les oeuvres à l’ère digitale : processus de création et ressources numériques
5 avril 2018, 10h-13h, salle 3
Intervenants : Christophe Leclercq (historien de l’art, Medialab, Sciences Po Paris), Camille Richert (historienne de l’art, Centre d’histoire de Sciences Po et Fondation Lafayette Anticipations)
Discutantes : Maria Giulia Dondero (sémioticienne, Université de Liège), Elisabeth Callot (Institut culturel de Google)
Dans le prolongement de la réflexion amorcée l’année dernière sur les avatars numériques des oeuvres, on s’intéressera dans cette séance à la multiplicité des modes de présence des oeuvres en ligne. On se focalisera plus particulièrement sur les bases de données d’oeuvres pour interroger les usages qui peuvent être faits de ces ressources (images, données sur l’oeuvre, l’artiste, le processus de production…) et réfléchir aux perspectives de recherche qui sont alors rendues possibles.

Séance 3. Conserver le vivant : le cas de la taxidermie
21 juin 2018, 10h-13h, salle 1
Intervenantes : Pauline Bertrand (conservatrice-restauratrice), Adrian Van Allen (anthropologue, musée du quai Branly – Jacques Chirac)
Discutant : Jacques Cuisin (restaurateur, taxidermiste, Museum national d’histoire naturelle)
Lors de cette séance, nous discuterons les diverses façons dont les animaux sont transformés en artefacts à la fois dans et hors des musées, les compétences mobilisées dans cette fabrication, les différentes façons d’exposer ces artefacts et les modes d’identification et de distanciation entre hommes et animaux qu’ils produisent.